Dans un monde où l’animal reste largement invisibilisé ou réduit à sa fonction d’usage, les sanctuaires apparaissent comme des lieux singuliers : espaces de refuge, de réparation, mais aussi d’expérimentation éthique. Loin des abattoirs et des fermes industrielles, ils incarnent une autre relation possible entre les humains et les autres vivants : celle du respect, de la cohabitation et, peut-être, de la réconciliation.
C’est dans cet élan que s’inscrit l’histoire de Stéphanie Noël-Homs.
Fille des acteurs Magali Noël et Jean-Pierre Bernard, elle grandit dans un univers artistique et sensible, un héritage qu’elle préfère évoquer comme « un partage » plutôt qu’une filiation avec l’intuition que la beauté et la compassion peuvent se traduire autrement : dans la manière de regarder un animal, de comprendre ses envies, ses besoins, d’habiter le monde avec lui.
Depuis son enfance, Stéphanie rêve de redonner du sens à la vie des animaux de la ferme, ceux que l’on oublie, que l’on exploite, ou que l’on relègue à l’arrière-plan de nos existences.

En 2021 le ministère de l'agriculture crée l'Observatoire de la protection des carnivores domestiques (OCAD) afin d'étudier les abandons, leurs causes et trouver des solutions durables.
A savoir que le nombre d'abandons d'animaux domestiques est estimé à 200 000 animaux par an en France, chiffre en augmentation.
Pour rappel, l'abandon d'un animal domestique est passible de 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende. #Stopabandon
En 2018, fraîchement mariée, Stéphanie franchit le pas. George, son compagnon, la suit dans cette aventure improbable : quitter la ville, les certitudes, pour s’installer dans le Comminges, au sud de la Haute-Garonne. Ensemble, ils découvrent une ancienne propriété agricole, cinquante-cinq hectares de collines et de bois, et décident d’en faire un lieu à part : La Garie, un sanctuaire dédié aux animaux dits de ferme.
Ici, pas de production, pas d’exploitation : seulement la vie, sous toutes ses formes. Vaches, cochons, ânes, chèvres, moutons, buffles, poules et canards partagent l’espace dans une harmonie patiente. Le couple façonne le lieu avec rigueur et douceur, en veillant à respecter les besoins éthologiques de chaque espèce. Les abris se fondent dans le paysage, les rythmes s’adaptent à ceux des habitants du sanctuaire.
Rapidement, La Garie devient plus qu’un refuge : un laboratoire du vivant. On y explore une autre manière de cohabiter, d’observer, d’apprendre. Les visiteurs ne viennent pas seulement pour « voir » les animaux, mais pour comprendre ce que signifie vivre avec eux : écouter un souffle, reconnaître une émotion, percevoir un langage sans mots.
Dans ce coin paisible du sud-ouest, Stéphanie et George bâtissent, jour après jour, une utopie concrète : celle d’un monde où la dignité animale ne serait plus une revendication marginale, mais une évidence partagée.
Avant d’être un lieu, La Garie a d’abord été une idée. Une intuition née de cette question simple mais vertigineuse : que devient un animal lorsqu’il cesse d’être « utile » ? Que reste-t-il d’un être vivant lorsqu’on lui retire sa fonction, son rendement, sa valeur marchande ? Peut-on accepter la souffrance qu'on leur inflige ?

Stéphanie Noël-Homs et George Homs









Chaque année, en France, plus de 40 millions de canards et d’oies sont abattus pour la consommation humaine. La moitié de ces oiseaux subissent le gavage forcé. Le gavage des canards et des oies est largement interdit dans le monde, sauf dans quelques pays comme la France.
Les canards et les oies d'élevage proviennent uniquement d'œufs incubés artificiellement. Leur vie est prédéterminée : ils ne vivront que 10 à 16 semaines.
L’idée du sanctuaire, alors rare en France, s’inspire de modèles anglo-saxons, ces lieux où les animaux rescapés d’élevages ou d’abandons vivent en paix jusqu’à leur mort naturelle. Mais à La Garie, l’ambition va plus loin. Stéphanie et George ne veulent pas seulement « sauver » ; ils veulent témoigner. Montrer qu’une manière douce d’habiter la terre est possible.

Pour Stéphanie, la logique est simple; donner un peu d'espace, de dignité dans un monde oppressé. « Les animaux ont besoin d’espace, mais ils ont aussi besoin d’être compris », explique-t-elle. C’est dans cette optique que le couple crée Le Geste de La Garie, une association et un groupe de réflexion destinés à prolonger l’expérience du sanctuaire au-delà de ses frontières physiques. Par des séminaires, des résidences, des échanges interdisciplinaires, elle espère faire dialoguer éthologie, philosophie et art. Elle espère aussi faire comprendre que la cause humaine, environnementale et animale sont intrinsèquement liées.

Wendy. Tombée dans un ravin, elle se fait secourir par les pompiers. Elle perdra sa patte droite due à une attèle trop serrée.
Dans le sillage de cette initiative, le sanctuaire devient un véritable laboratoire éthique. On y observe comment les animaux interagissent entre eux, comment ils réinventent leur quotidien et leurs hiérarchies une fois libérés des contraintes humaines. On y apprend aussi à regarder autrement : à lire un comportement, à deviner une intention, à reconnaître une émotion.
Ce travail de terrain, humble et quotidien, inscrit La Garie dans une démarche pionnière : celle de l’éthique du vivant, où l’on ne se contente plus de « protéger » les animaux, mais où l’on cherche à comprendre ce qu’ils ont à nous enseigner.
Ce faisant, Stéphanie et George déplacent les frontières du possible. Leur sanctuaire n’est pas un îlot utopique, mais une proposition concrète : vivre avec les animaux sans les dominer, penser la nature non plus comme un décor, mais comme un partenaire.




Le sanctuaire s’étend sur cinquante-cinq hectares de prairies, de bois et de chemins. De loin, il ressemble à un vaste paysage rural, mais en s’y attardant, on perçoit ce qui le rend différent : la liberté. Les animaux circulent sans contrainte, choisissent leurs compagnons, leurs espaces, leurs refuges. Les zones sont pensées comme des territoires partagés, modulés par le relief, les besoins, les affinités.
Chaque espèce semble suivre un rituel invisible, un ballet régit par leur besoin physiologique, comportementaux et affectif.
La Garie accueille aujourd’hui près de 120 animaux : des vaches rescapées d’élevages, des moutons abandonnés, des cochons sauvés de l’abattage, des ânes, des chevaux, des buffles, mais aussi des poules, des canards et des oies. Certains ont connu la violence, d’autres simplement la négligence. Tous ont trouvé ici un refuge, une seconde vie. Les premiers jours, les nouveaux arrivants restent souvent immobiles, captivés par la découverte du paysage et de la liberté. Puis, vient l'apaisement. Le regard change, la respiration se relâche, la curiosité revient. Ce moment de bascule, presque imperceptible, marque la naissance d’un autre rapport à l’humain.

A leur arrivée, ils comprennent rapidement qu'ils ne risquent plus rien et qu'un nouvel avenir s'offre à eux.

À La Garie, le soin est une forme d’écoute. Les gestes sont précis, mesurés, empreints d’une tendresse discrète. On ne parle pas de dressage, ni même d’éducation. On parle de présence.








Chaque matin, Stéphanie et George font leur tournée. Ils observent, vérifient l’eau, l’état des pâtures, la santé des animaux. Le vétérinaire passe régulièrement, mais la plupart du temps, c’est l’attention quotidienne qui prévient les maux : Un regard qui saisit un changement d’attitude, une oreille qui perçoit une toux, un pas qui trébuche.

La bufflonne est principalement utilisée pour produire du lait destiné à la mozzarella. Elle produit moins de lait qu'une vache, mais sur une période plus longue, et ce lait est trois fois plus cher. Elle est réformée à l'âge de 15 ans, après avoir porté une douzaine de veaux qu'elle n'aura jamais vu grandir.
En France, 17 millions de vaches et près de 6 000 buffles sont exploités. Annuellement, plus de 4 millions de bovidés sont envoyés à l’abattoir.




La Garie n’est pas une reconstitution d’un monde sauvage, mais un territoire de transition : Un espace où les animaux apprennent à vivre sans contrainte humaine, tout en bénéficiant d’une veille bienveillante.
Le rapport à l’animal y est profondément éthique, presque philosophique. Stéphanie et George refusent toute instrumentalisation, même affective. Pas de câlins forcés, pas de selfies avec les visiteurs.
Certains animaux se montrent familiers, viennent chercher une caresse, un contact. D’autres préfèrent la distance, la solitude. Tous sont libres de choisir.
Les visiteurs, lorsqu’ils sont accueillis, sont invités à adopter cette même posture. Pas de cris, pas d’approche brusque. On observe, on se tait, on respire. Rapidement, l’atmosphère agit. Beaucoup repartent troublés, apaisés, parfois émus aux larmes.



Si la philosophie du lieu repose sur la lenteur, la réalité du travail, elle, ne laisse guère de répit.
Les journées commencent tôt, se terminent tard. Les nuits sont parfois interrompues une alarme, un animal en détresse.
La fatigue est constante, mais la gratitude aussi. « Il y a des moments de découragement face à une société aveugle aux souffrances quelle inflige, confie Stéphanie. Mais il suffit d’un regard, d’un geste, d’un animal qui vient simplement se poser à côté de vous, et tout reprend sens. »
Ancrée dans le réel, Stéphanie a toujours fait valoir son engagement par des actions collectives ou individuelles.
Cette relation intime au vivant, nourrie par l’effort, forge une autre forme de spiritualité discrète, quotidienne : Celle de faire partie d’un tout, d’une continuité.
Sauf financièrement. Il n'y a pas de modèle économique rentable étant donné que les animaux pris en charge ne dégagent aucun revenus.
Cependant, les sanctuaires sont assujetties aux même normes sanitaires que pour les exploitations agricoles de la filière viande.

Le sanctuaire La Garie fait partie de la vingtaine de refuges inscrits au réseau des refuges animalistes en France qui recense entre 500 et 1000 animaux sauvés ou ayant élus domicile.
C'est un chiffre a retenir, comme la démonstration du rapport de force. Selon les données collectés et finalement approximatives, elles prennent en compte les animaux "dit" domestique ( Chiens & Chats ) mais ne prennent pas en compte les animaux tués pour la chasse, etc...
Cependant, le rapport d'échelle est éloquent. Il montre que la démarche de sauvegarde par la sanctuarisation ou refuges est largement marginale.
D'autant plus confronté aux objectifs du sauvetage du siècle « sauver 600 millions d'animaux d'ici 2030 » . Une vision du monde possible qui parait bien utopique quant à l'étendue de la morbidité dans laquelle nous vivons avec nos congénères.
Les animaux pris en charge ou sauvés représentent entre 100 000 et 300 000 animaux en moyenne par an. Principalement des animaux domestiques (chiens, chat) abandonnés, environ 200 000 individus avec un pic en été. Les données les plus fiables sont finalement issues de la SPA, mais ne concernent pas les animaux dits de ferme. Le recensement des animaux vivant hors du circuit de l'élevage dans des lieux de sanctuarisation est difficile à réaliser tant les initiatives sont individuelles. Certains font partie de réseaux identifiables, mais beaucoup d'animaux vivent aussi chez des particuliers.
En cumulant généreusement les données identifiables et disponibles, on obtient quelques centaines de milliers d’animaux sauvés ou pris en charge par an. Environ 300 000 à 400 000.
Beaucoup, beaucoup moins que le milliard tué pour l’alimentation.
En France, environ 1 063 450 436 animaux « doués de sensibilité » ont été abattus pour l’alimentation en 2023. Dont environ 882 828 164 animaux terrestres (poulets, cochons, bovins, ovins, etc...).
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Combien d'animaux vivent au sanctuaire la Garie ?







































Dans un monde où l’animal reste largement invisibilisé ou réduit à sa fonction d’usage, les sanctuaires apparaissent comme des lieux singuliers : espaces de refuge, de réparation, mais aussi d’expérimentation éthique. Loin des abattoirs et des fermes industrielles, ils incarnent une autre relation possible entre les humains et les autres vivants : celle du respect, de la cohabitation et, peut-être, de la réconciliation.
C’est dans cet élan que s’inscrit l’histoire de Stéphanie Noël-Homs.
Fille des acteurs Magali Noël et Jean-Pierre Bernard, elle grandit dans un univers artistique et sensible, un héritage qu’elle préfère évoquer comme « un partage » plutôt qu’une filiation avec l’intuition que la beauté et la compassion peuvent se traduire autrement : dans la manière de regarder un animal, de comprendre ses envies, ses besoins, d’habiter le monde avec lui.
Depuis son enfance, Stéphanie rêve de redonner du sens à la vie des animaux de la ferme, ceux que l’on oublie, que l’on exploite, ou que l’on relègue à l’arrière-plan de nos existences.

En 2021 le ministère de l'agriculture crée l'Observatoire de la protection des carnivores domestiques (OCAD) afin d'étudier les abandons, leurs causes et trouver des solutions durables.
A savoir que le nombre d'abandons d'animaux domestiques est estimé à 200 000 animaux par an en France, chiffre en augmentation.
Pour rappel, l'abandon d'un animal domestique est passible de 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende. #Stopabandon
En 2018, fraîchement mariée, Stéphanie franchit le pas. George, son compagnon, la suit dans cette aventure improbable : quitter la ville, les certitudes, pour s’installer dans le Comminges, au sud de la Haute-Garonne. Ensemble, ils découvrent une ancienne propriété agricole, cinquante-cinq hectares de collines et de bois, et décident d’en faire un lieu à part : La Garie, un sanctuaire dédié aux animaux dits de ferme.
Ici, pas de production, pas d’exploitation : seulement la vie, sous toutes ses formes. Vaches, cochons, ânes, chèvres, moutons, buffles, poules et canards partagent l’espace dans une harmonie patiente. Le couple façonne le lieu avec rigueur et douceur, en veillant à respecter les besoins éthologiques de chaque espèce. Les abris se fondent dans le paysage, les rythmes s’adaptent à ceux des habitants du sanctuaire.
Rapidement, La Garie devient plus qu’un refuge : un laboratoire du vivant. On y explore une autre manière de cohabiter, d’observer, d’apprendre. Les visiteurs ne viennent pas seulement pour « voir » les animaux, mais pour comprendre ce que signifie vivre avec eux : écouter un souffle, reconnaître une émotion, percevoir un langage sans mots.
Dans ce coin paisible du sud-ouest, Stéphanie et George bâtissent, jour après jour, une utopie concrète : celle d’un monde où la dignité animale ne serait plus une revendication marginale, mais une évidence partagée.
Avant d’être un lieu, La Garie a d’abord été une idée. Une intuition née de cette question simple mais vertigineuse : que devient un animal lorsqu’il cesse d’être « utile » ? Que reste-t-il d’un être vivant lorsqu’on lui retire sa fonction, son rendement, sa valeur marchande ? Peut-on accepter la souffrance qu'on leur inflige ?

Stéphanie Noël-Homs et George Homs









Chaque année, en France, plus de 40 millions de canards et d’oies sont abattus pour la consommation humaine. La moitié de ces oiseaux subissent le gavage forcé. Le gavage des canards et des oies est largement interdit dans le monde, sauf dans quelques pays comme la France.
Les canards et les oies d'élevage proviennent uniquement d'œufs incubés artificiellement. Leur vie est prédéterminée : ils ne vivront que 10 à 16 semaines.
L’idée du sanctuaire, alors rare en France, s’inspire de modèles anglo-saxons, ces lieux où les animaux rescapés d’élevages ou d’abandons vivent en paix jusqu’à leur mort naturelle. Mais à La Garie, l’ambition va plus loin. Stéphanie et George ne veulent pas seulement « sauver » ; ils veulent témoigner. Montrer qu’une manière douce d’habiter la terre est possible.

Pour Stéphanie, la logique est simple; donner un peu d'espace, de dignité dans un monde oppressé. « Les animaux ont besoin d’espace, mais ils ont aussi besoin d’être compris », explique-t-elle. C’est dans cette optique que le couple crée Le Geste de La Garie, une association et un groupe de réflexion destinés à prolonger l’expérience du sanctuaire au-delà de ses frontières physiques. Par des séminaires, des résidences, des échanges interdisciplinaires, elle espère faire dialoguer éthologie, philosophie et art. Elle espère aussi faire comprendre que la cause humaine, environnementale et animale sont intrinsèquement liées.

Wendy. Tombée dans un ravin, elle se fait secourir par les pompiers. Elle perdra sa patte droite due à une attèle trop serrée.
Dans le sillage de cette initiative, le sanctuaire devient un véritable laboratoire éthique. On y observe comment les animaux interagissent entre eux, comment ils réinventent leur quotidien et leurs hiérarchies une fois libérés des contraintes humaines. On y apprend aussi à regarder autrement : à lire un comportement, à deviner une intention, à reconnaître une émotion.
Ce travail de terrain, humble et quotidien, inscrit La Garie dans une démarche pionnière : celle de l’éthique du vivant, où l’on ne se contente plus de « protéger » les animaux, mais où l’on cherche à comprendre ce qu’ils ont à nous enseigner.
Ce faisant, Stéphanie et George déplacent les frontières du possible. Leur sanctuaire n’est pas un îlot utopique, mais une proposition concrète : vivre avec les animaux sans les dominer, penser la nature non plus comme un décor, mais comme un partenaire.




Le sanctuaire s’étend sur cinquante-cinq hectares de prairies, de bois et de chemins. De loin, il ressemble à un vaste paysage rural, mais en s’y attardant, on perçoit ce qui le rend différent : la liberté. Les animaux circulent sans contrainte, choisissent leurs compagnons, leurs espaces, leurs refuges. Les zones sont pensées comme des territoires partagés, modulés par le relief, les besoins, les affinités.
Chaque espèce semble suivre un rituel invisible, un ballet régit par leur besoin physiologique, comportementaux et affectif.
La Garie accueille aujourd’hui près de 120 animaux : des vaches rescapées d’élevages, des moutons abandonnés, des cochons sauvés de l’abattage, des ânes, des chevaux, des buffles, mais aussi des poules, des canards et des oies. Certains ont connu la violence, d’autres simplement la négligence. Tous ont trouvé ici un refuge, une seconde vie. Les premiers jours, les nouveaux arrivants restent souvent immobiles, captivés par la découverte du paysage et de la liberté. Puis, vient l'apaisement. Le regard change, la respiration se relâche, la curiosité revient. Ce moment de bascule, presque imperceptible, marque la naissance d’un autre rapport à l’humain.

A leur arrivée, ils comprennent rapidement qu'ils ne risquent plus rien et qu'un nouvel avenir s'offre à eux.

À La Garie, le soin est une forme d’écoute. Les gestes sont précis, mesurés, empreints d’une tendresse discrète. On ne parle pas de dressage, ni même d’éducation. On parle de présence.








Chaque matin, Stéphanie et George font leur tournée. Ils observent, vérifient l’eau, l’état des pâtures, la santé des animaux. Le vétérinaire passe régulièrement, mais la plupart du temps, c’est l’attention quotidienne qui prévient les maux : Un regard qui saisit un changement d’attitude, une oreille qui perçoit une toux, un pas qui trébuche.

La bufflonne est principalement utilisée pour produire du lait destiné à la mozzarella. Elle produit moins de lait qu'une vache, mais sur une période plus longue, et ce lait est trois fois plus cher. Elle est réformée à l'âge de 15 ans, après avoir porté une douzaine de veaux qu'elle n'aura jamais vu grandir.
En France, 17 millions de vaches et près de 6 000 buffles sont exploités. Annuellement, plus de 4 millions de bovidés sont envoyés à l’abattoir.




La Garie n’est pas une reconstitution d’un monde sauvage, mais un territoire de transition : Un espace où les animaux apprennent à vivre sans contrainte humaine, tout en bénéficiant d’une veille bienveillante.
Le rapport à l’animal y est profondément éthique, presque philosophique. Stéphanie et George refusent toute instrumentalisation, même affective. Pas de câlins forcés, pas de selfies avec les visiteurs.
Certains animaux se montrent familiers, viennent chercher une caresse, un contact. D’autres préfèrent la distance, la solitude. Tous sont libres de choisir.
Les visiteurs, lorsqu’ils sont accueillis, sont invités à adopter cette même posture. Pas de cris, pas d’approche brusque. On observe, on se tait, on respire. Rapidement, l’atmosphère agit. Beaucoup repartent troublés, apaisés, parfois émus aux larmes.



Si la philosophie du lieu repose sur la lenteur, la réalité du travail, elle, ne laisse guère de répit.
Les journées commencent tôt, se terminent tard. Les nuits sont parfois interrompues une alarme, un animal en détresse.
La fatigue est constante, mais la gratitude aussi. « Il y a des moments de découragement face à une société aveugle aux souffrances quelle inflige, confie Stéphanie. Mais il suffit d’un regard, d’un geste, d’un animal qui vient simplement se poser à côté de vous, et tout reprend sens. »
Ancrée dans le réel, Stéphanie a toujours fait valoir son engagement par des actions collectives ou individuelles.
Cette relation intime au vivant, nourrie par l’effort, forge une autre forme de spiritualité discrète, quotidienne : Celle de faire partie d’un tout, d’une continuité.
Sauf financièrement. Il n'y a pas de modèle économique rentable étant donné que les animaux pris en charge ne dégagent aucun revenus.
Cependant, les sanctuaires sont assujetties aux même normes sanitaires que pour les exploitations agricoles de la filière viande.

Le sanctuaire La Garie fait partie de la vingtaine de refuges inscrits au réseau des refuges animalistes en France qui recense entre 500 et 1000 animaux sauvés ou ayant élus domicile.
C'est un chiffre a retenir, comme la démonstration du rapport de force. Selon les données collectés et finalement approximatives, elles prennent en compte les animaux "dit" domestique ( Chiens & Chats ) mais ne prennent pas en compte les animaux tués pour la chasse, etc...
Cependant, le rapport d'échelle est éloquent. Il montre que la démarche de sauvegarde par la sanctuarisation ou refuges est largement marginale.
D'autant plus confronté aux objectifs du sauvetage du siècle « sauver 600 millions d'animaux d'ici 2030 » . Une vision du monde possible qui parait bien utopique quant à l'étendue de la morbidité dans laquelle nous vivons avec nos congénères.
Les animaux pris en charge ou sauvés représentent entre 100 000 et 300 000 animaux en moyenne par an. Principalement des animaux domestiques (chiens, chat) abandonnés, environ 200 000 individus avec un pic en été. Les données les plus fiables sont finalement issues de la SPA, mais ne concernent pas les animaux dits de ferme. Le recensement des animaux vivant hors du circuit de l'élevage dans des lieux de sanctuarisation est difficile à réaliser tant les initiatives sont individuelles. Certains font partie de réseaux identifiables, mais beaucoup d'animaux vivent aussi chez des particuliers.
En cumulant généreusement les données identifiables et disponibles, on obtient quelques centaines de milliers d’animaux sauvés ou pris en charge par an. Environ 300 000 à 400 000.
Beaucoup, beaucoup moins que le milliard tué pour l’alimentation.
En France, environ 1 063 450 436 animaux « doués de sensibilité » ont été abattus pour l’alimentation en 2023. Dont environ 882 828 164 animaux terrestres (poulets, cochons, bovins, ovins, etc...).
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