2025

Sanctuaire Touche pas a mon popotte

Sallebeouf, Gironde, France

Entourée de sangliers, de porcs et de blaireaux. Littéralement et symboliquement, il y a de quoi sourire des analogies que renvoie la vie.
Pourtant, c'est aussi l'expérience la plus improbable et la plus positive que Karine pouvait recevoir dans son choix de vie dédié à la protection animale.

Avant de consacrer sa vie aux animaux sauvages imprégnés, Karine Foezon a exercé pendant plus de vingt ans comme psychothérapeute à Paris, spécialisée en clinique et en psychopathologie de l’enfant.

Dans ce métier centré sur l’écoute, la réparation et la compréhension fine du comportement s’y éveille une sensibilité aiguë aux formes d’attachement, de dépendance et de souffrance.

C’est en 2014 qu'elle s’installe en Gironde et fonde dans un premier temps un refuge consacré aux NAC (nouveaux animaux de compagnie); rapidement, les situations d’urgence se multiplient.

En 2022, elle obtient enfin l'appellation “Sanctuaire” grâce à la loi de 2021. (LOI n° 2021-1539 du 30 novembre 2021 Article 47)

Elle peut dès lors, accueillir jusqu'à 8 sangliers et autres animaux, notamment des blaireaux dit imprégnés qui vivront au sanctuaire Touche pas à mon Popotte jusqu'à la fin de leurs jours.

Les sangliers, plutôt mal considérés, sont pourtant dotés d’une intelligence émotionnelle très sensible. Ils savent se soumettre mais, ne sont pas soumis « Ils détestent la frustration » Un marcassin s'imprègne en quelques jours. « Au bout de deux trois jours de nourrissage il vous identifie comme sa mère. » 

Les marqueurs d’identification sociale sont très forts chez ces animaux où l’humain ne trouve pas totalement sa place dans la hiérarchie de la meute. Cependant, ils s’en remettent corps et âme à leur sauveur et protecteur.

On dit alors qu’ils sont imprégnés.

Dans un monde où ils ont du mal à trouver leur place, ils savent jouer en leur faveur auprès de ceux qui les regardent différemment.

Tous les pensionnaires sont des rescapés arrivée avec leurs bagages de malheurs.

Comme Lola, Arrivée bébé, très malade, souffrant de rhinite atrophique et d’abcès, elle survit grâce à des soins lourds.

Pequeño, rescapé des incendies de 2022 sur la côte. Brûlé sur tout le corps, ses sabots sont tombés puis ont repoussé de travers.

Huggy, violemment attaqué par un chien, l'omoplate arrachée, il a dû subir plusieurs opérations lourdes.

Volt, le dernier arrivé, est l’un des cas les plus graves. Il a été découvert dans une déchetterie, enfermé dans un sac plastique, en sang, presque mort. Il a dû subir plusieurs opérations (reconstruction rectale et urétrale) suite à des sévices.

Un jour, je suis tombé malade, j’ai dû rester au lit, Lola est restée à côté de moi pendant deux jours, elle n’est pas sortie pour aller faire ses besoins, elle n’a pas mangé, elle ne voulait pas bouger de là où j’étais.

Le dernier sanglier arrivé au sanctuaire avec le crâne écrasé après avoir été percuté par une voiture a subi sept opérations. Toujours en cours de reconstruction maxillo-faciale, il doit être nourri à la compote jusqu'à ce que les points de suture de l'opération précédente soient cicatrisés.

Espèce de blaireau !

Le blaireau est celui qui flaire avec méfiance le monde extérieur, parce qu'il ne sort jamais de son trou.

Une partie du terrain aménagé pour les Blaireaux. Ils ont beaucoup d'espace. Lorsque l'aménagement et la cabane ont été construits, ils ont préféré creuser leur galerie sous la cabane. Qui s'effondre maintenant...

Le blaireau est l’un des plus grands mustélidés présent sur le territoire français.

Trapu et court sur pattes, il peut atteindre 90 cm de long avec la queue, pour 25 à 30 cm au garrot et jusqu'à une vingtaine de kilogrammes.

C'est un excellent terrassier, il peut déplacer jusqu'à 40 tonnes de terre dans sa vie.

Le témoignage de Karine Foezon révèle un engagement total auprès d’espèces bien connues et pourtant si injustement condamnées face à nos ignorances.

Par ailleurs, le blaireau n’est plus considéré nuisible depuis 1988 comme le rappelle le journal du chasseur, pourtant, ce sont pas moins d'environ 20 000 blaireaux qui sont tués chaque année en France notamment avec la chasse à la vénerie sous terre.

Les sangliers sont quant à eux partagés entre des faits d'actualité comme l'histoire de Gamin qui échappe à l'euthanasie dans l'Orne et sera gardé par sa famille d’accueil et les recettes du sanglier dans les magazines de cuisine.

Le sanctuaire devient un refuge unique pour des animaux imprégnés, blessés, traumatisés, parfois torturés, mais sauvés grâce à une attention quotidienne, une connaissance fine de leur comportement et un lien affectif d’une intensité rare.